Les bienfaits d’une cartographie de la pluie

par Nisbet Rachel | 10 juin 2020
catégories : programme3, nepal

Image Les bienfaits d’une cartographie de la pluie
Des cartes participatives pour parler de l’eau

La création d’une stratégie de gestion intégrée des ressources en eau implique de nombreuses organisations communautaires. Dans le cadre de notre projet au Népal en partenariat avec Kanchan Nepal, nous sommes en contact avec des groupes de mamans, des clubs pour la jeunesse, des comités d’utilisateurs d’eau, des coopératives, des groupes d’agriculteurs, ou des groupes d’utilisateurs des ressources forestières. Les différents groupes peuvent alors réfléchir à l’origine de leurs ressources en eau, provenant à la fois de sources souterraines et de la pluie.

Trouver un langage commun est essentiel si l’on veut parler de l’eau dans l’environnement des népalais et améliorer leurs connaissances à ce sujet. En effet, un ingénieur hydraulique n’aura pas la même perception de l’eau qu’une femme au foyer. Les cartes et les récits sont deux manières d’amener ces personnes à partager leurs connaissances sur le sujet.

Nous créons deux cartes participatives pour encourager ces discussions. L’une d’entre elles est destinée à la zone autour de Kalika, Thulakot et Begnas, près de la ville de Pokhara, l’autre à la zone plus rurale de Rupakot, Thumki et Hansapur, dans la municipalité de Rupa.

Afin d'élaborer un plan de gestion de l'utilisation de l'eau (WUMP) pour ces zones, nous rencontrerons les dirigeants locaux, les enseignants, les étudiants et les groupes communautaires mentionnés ci-dessus. À l'aide de nos cartes en 3D, nous encouragerons les participants à expliquer où se trouvent les ressources naturelles, notamment l’eau (sources, étangs, rivières et ruisseaux), les forêts, les terres stériles, les terres agricoles, puis nous enregistrerons ces informations de manière topographique. Nous leur demanderons également d'expliquer où se trouvent les chemins, les routes et les infrastructures telles que les institutions publiques (écoles, clubs, hôpitaux, temples et bureaux gouvernementaux). Jusqu'à présent, les approches WUMP ont utilisé des cartes en 2D. Notre projet, quant à lui, permettra aux gens de comprendre plus facilement une carte en leur montrant une représentation en 3D de la géographie de leur région. Lorsque les gens partagent leurs connaissances locales sous forme d'histoires, nous pouvons également cartographier ces récits pour les documenter. Raconter la terre de cette manière nous aidera à faire face aux risques de pénurie d'eau et d'érosion auxquels sont confrontées les communautés locales, et à proposer des solutions pratiques.

Adaptation des habitudes alimentaires népalaises fondée sur les écosystèmes

Notre projet permettra aux gens d’apprécier toute la valeur de l’eau de pluie, et ce jusqu’à dans leur assiette. Les communautés locales n'ont jusqu’à présent utilisé leurs ressources forestières locales que de manière minimale. Elles vont chercher du bois de chauffage, du fourrage pour le bétail et du bois d'œuvre. Les nouvelles parcelles de forêt que nous allons planter en collaboration avec le réseau de groupes d'utilisateurs de la forêt FECOCUN, fourniront également de la nourriture et des médicaments. Nous créons des pépinières : lorsque nous planterons sur des pentes sujettes à l'érosion, nous utiliserons par exemple des plantes médicinales, des arbustes fruitiers ou des plantes fourragères. Des plantes comme l’amla (Phyllanthus emblica) ont une valeur culinaire car leurs fruits peuvent être cuisinés ou utilisés comme plantes médicinales. Les communautés locales pourront profiter des avantages de notre plan de gestion intégrée des ressources en eau en l’espace de quelques saisons seulement, et cela est très motivant.

Notre projet sera cependant potentiellement confronté à un défi : la gestion des forêts est remise en question au Népal. La loi sur les forêts de 1993 avait donné aux villageois le mandat de protéger, de gérer et d'utiliser leurs forêts. À l'heure actuelle, on craint que les ressources forestières ne doivent contribuer plus directement à l'économie, ce qui aurait comme conséquence une approche plus centralisée de la gestion des forêts. Nous sommes toutefois convaincus que notre collaboration avec le FECOFUN dans le district de Kaski au Népal démontrera que la gestion locale des forêts est source de bienfaits économiques et écosystémiques. La plantation d'espèces d'arbres soigneusement choisies sur des pentes sujettes à l'érosion peut réduire le risque de glissements de terrain, augmenter le niveau des eaux souterraines et fournir aux communautés locales des ressources précieuses en eau, en nourriture et en carburant.


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